La tresse - Laetitia COLOMBANI

Contemporain

Editions Grasset

224 pages

2017

RESUME :

« Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.

Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.

Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.

Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.

Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.»

mon avis :

Ce roman c’est un peu l’incontournable du moment, celui qui fait beaucoup parler de lui depuis sa sortie et qu’il faut à tout prix avoir lu. Ma PAL étant déjà bien fournie, ce livre ne faisait pourtant pas partie de mes futures lectures. Et puis, à l’occasion du salon Saint Maur en Poche, en juin dernier, j’ai croisé une jeune femme qui en parlait avec tellement d’enthousiasme et d’étoiles dans les yeux que je me suis dit que passer à côté était peut-être une grosse erreur.

Trois femmes. Trois vies. Trois destins. Trois continents.

Badlapur. « Intouchable » dans la province indienne d’Uttar Pradesh est synonyme d’impureté, de rebut. Ceux qui font partie de cette catégorie de population sont considérés comme les « déchets » de la société et sont contraints à une vie de misère. Smita est l’une d’entre eux. Pour survivre, elle est condamnée à vider les latrines sèches des nantis. Mais Smita ne veut pas de cette vie pour Lalita, sa petite fille de six ans. Elle rêve qu’elle puisse aller à l’école et sortir de cette misère. Et pour ça elle est prête à tout.

Palerme. A vingt ans, Giulia travaille dans la société familiale : un atelier de confection de postiches et perruques faits à partir de véritables cheveux récoltés auprès des coiffeurs et villageois locaux. Quand son père est victime d’un accident qui le plonge dans le coma, Giulia reprend la direction de l’atelier et découvre que l’entreprise est loin d’être florissante.

Montréal. Sarah est une avocate redoutable. A force de sacrifices et d’heures de travail, elle a gravi les échelons et espère franchir prochainement le dernier obstacle devant elle et devenir Managing Partner du cabinet où elle travaille. Tout semble lui sourire jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’elle est gravement malade et que tous ses espoirs et ses efforts s’effondrent comme un château de cartes.

Smita, Giulia, Sarah. Trois femmes très différentes mais qui ont toutes décidé de combattre leur destinée.

Si je devais résumer ce roman en trois mots, ce serait : combativité, espoir et force. Selon moi, ce sont les trois axes majeurs autour desquels ce roman s’articule. Le récit est beau, émouvant mais parfois très difficile. Notamment quand il aborde la vie de Smita, cette indienne mal née. Il ne fait pourtant que nous plonger dans une réalité sur laquelle nous avons trop tendance à fermer les yeux. Une réalité que l’on a du mal à imaginer possible à notre époque. Il met aussi en exergue la cruauté sous toutes ces formes : mépris, indifférence, méchanceté gratuite, discrimination… Une cruauté présente partout autour de nous et dont nous n’avons pas toujours conscience. Ce roman nous le rappelle à sa manière.

Même s’il ne s’agit là que d’une histoire romancée, cette histoire n’en est pas moins touchante et parfois dérangeante. De sourires en grimaces ou hauts le cœur, impossible de rester complètement insensible. Heureusement, l’auteure donne aussi une atmosphère plus légère par moments. Ces moments de simplicité viennent contrebalancer ceux plus durs pour offrir au final un roman poétique et poignant.

Au fur et à mesure du récit, on découvre que même si Giulia, Sarah et Smita ne se connaissent pas et ne se rencontreront jamais, elles sont toutes les trois liées par un fil ténu : le cheveu. Les histoires de ces trois femmes se chevauchent, s’entremêlent, se superposent pour au final s’imbriquer tels les trois brins d’une tresse. Le scénario est bien pensé. Les liens se tissent en douceur.

A la fois difficile et délicat, ce roman est un bel hommage aux notions de liberté et de dignité. Même si je n’ai pas eu de coup pour ce livre, je ne regrette pas d’avoir cédé à ma curiosité et d’avoir découvert cette belle histoire.