Le diptyque du temps # 1 (Léviatemps) - Maxime CHATTAM
Thriller
Albin Michel
448 pages
2010
RESUME :
« A trop désirer la mort, on y brûle son âme.
Paris, 1900.
Prisonnier de son succès, un écrivain décide de tout quitter pour entrer au plus profond de ses cauchemars, de ses abysses, explorer ce qu'il y a de pire en lui. Dans ce terreau de peurs se cache la matrice des monstres enfouis en chacun de nous. Un Léviathan d'ombres, un golem de violence.
Guy de Timée voulait déterrer la fange, il va rencontrer le Mal.
Des cercles ésotériques de la capitale aux démesures de l'Exposition universelle, le début du XXe siècle inspire à Maxime Chattam un thriller halluciné où les progrès de la science nourrissent la folie des âmes perdues en quête d'éternité »
MON AVIS :
Comme tout amateur de polar, je connais Maxime Chattam de nom. Il est l’une des figures de proue du thriller, connu pour la noirceur et la cruauté de ses histoires. Jusqu’à lors, je n’avais jamais osé me lancer dans l’un de ses romans, justement par crainte du côté sombre et dérangeant. C’est désormais chose faite avec ce roman qui s’est avéré plus « soft » que ce à quoi je m’attendais.
Paris, 1900.
Romancier à succès, Guy de Timée, a tout quitté quelques mois plus tôt. Laissant derrière lui sa famille et son mode de vie privilégié, il a choisi de s’installer loin de tout, dans les combles d’une maison close, le Boudoir en Soi. Une retraite essentielle pour se retrouver et surtout retrouver la flamme créatrice qui l’a abandonné en même temps que le succès et la pression sont apparus. Depuis qu’il a découvert les romans de Conan Doyle, Guy a compris qu’il faisait fausse route avec ses propres écrits et rêve d’écrire le futur polar à succès. Un polar centré sur les bas-fonds de la société parisienne, sur ce qui se cache sous la beauté de Paris et que l’on ne voit pas.
Quand un matin d’avril, le cadavre de Milaine, l’une des prostituées du Boudoir en Soi est découverte morte devant la porte, Guy y voit l’occasion de mener sa propre enquête et de pourquoi pas s’inspirer de ses découvertes pour son futur roman. Aidé de la mystérieuse Faustine, elle aussi courtisane et amie de la défunte et du jeune inspecteur, Martial Perotti, Guy se lance dans la quête de la vérité. Une quête qui va le mener au cœur de l’Exposition Universelle et des cercles ésotériques parisiens.
Dans ce roman, Maxime Chattam nous propose de découvrir les premiers pas du profilage. Guy, le héros, qui aime décrypter les gens et les comprendre pour créer les personnages de ses romans, va mettre ses connaissances à profit pour essayer d’élucider les mystérieux meurtres qui pullulent à Paris. Perspicace, cultivé, observateur, Guy va rapidement établir un profil psychologique du meurtrier. Il fait preuve d’un grand sens de la déduction. Il n’hésite pas non plus à prendre des risques pour étayer sa théorie. En ce sens, j’ai aimé ce personnage curieux et avide de vérité. Néanmoins, j’ai parfois trouvé ses réflexions difficiles à suivre et très alambiquées.
J’ai aussi beaucoup aimé les personnages de Faustine et Perotti. Faustine est une femme de caractère qui n’hésite pas à s’affirmer. Elle est têtue, intelligente, futée et courageuse. A l’instar de Guy, elle n’hésite pas à se mettre en danger pour redorer l’honneur de son amie Milaine, sauvagement assassinée. Perotti, lui, est plus discret et difficile à cerner. Il n’en est pas moins marquant et important à l’histoire. Le trio fonctionne bien. Chacun est différent et complémentaire des autres.
Quelque chose que je ne pensais pas faire en lisant un livre de Maxime Chattam, c’est rire et sourire. Je ne dis pas que j’ai eu de grands éclats de rires mais je me suis retrouvée plusieurs fois avec le sourire aux lèvres par des jeux de mots, des réflexions bien senties ou des situations embarrassantes. J’ai aimé ces petites touches de légèreté dans cette histoire somme toute intrigante et prenante.
Malgré quelques passages un peu longs et trop détaillés, j’ai aimé la plume de cet auteur. Je me suis retrouvée plongée dans cette histoire sans m’en rendre vraiment compte. Entourée de Guy et Faustine, j’ai élaboré mes propres théories sur le coupable. Et finalement, prise au jeu de l’enquête, les scènes effrayantes et angoissantes que je redoutais tant avant de me lancer ne m’ont pas choquée. Je me doute que vu la réputation de l’auteur, il a certainement écrit d’autres romans beaucoup plus sombres et éprouvants mais pour mon premier roman, c’est une belle découverte. Je pense même me lancer prochainement dans le deuxième tome du diptyque, Requiem des Abysses.
En bref, ce livre fut intense sans être terrifiant pour une novice comme moi. Une expérience à réitérer dans un futur proche.