Rouge armé - Maxime GILLIO
Suspense
Edition Ombres Noirs
347 pages
2016
RESUME :
« Patricia, journaliste au Spiegel, enquête sur les personnes qui, dans les années soixante, ont fui l'Allemagne de l'Est au péril de leur vie. Inge est passée de l'autre côté du Mur quarante ans plus tôt et accepte de lui raconter son enfance, son arrivée à l'Ouest, son engagement... Mais certains épisodes de la vie d'Inge confrontent Patricia à ses propres démons, à son errance. Leur rencontre n'est pas le fruit du hasard. Dans les méandres de la grande Histoire, victimes et bourreaux souvent se croisent. Ils ont la même discrétion, la même énergie à se faire oublier, mais aspirent rarement au pardon. »
MON AVIS :
Tristesse, révolte, indignation, admiration…sont autant de sentiments qui m’ont traversé au cours de cette lecture. Ce roman qui mêle à la fois fiction et faits historiques réels ne peut pas vous laisser indifférent.
Patricia est journaliste d’investigation. Pour son prochain article, elle a choisi d’écrire sur le Mur de Berlin et plus précisément sur des personnes originaires de l’Est qui ont choisi de tout sacrifier pour passer à l’Ouest avant de finalement revenir sur leur pas quelques années plus tard. Qu’est-ce-qui a motivé leur choix ? Pourquoi avoir pris autant de risques pour finir par faire marche arrière ?
Pour essayer de comprendre les motivations de ces personnes et pour étayer son article, Patricia va choisir de recueillir des témoignages et va notamment se concentrer sur celui de Inge.
Même si au départ, Inge n’est pas spécialement disposée à aider cette journaliste, elle va finir par lui raconter son histoire en détail : du cauchemar vécue par sa famille expulsée de Tchécoslovaquie à la fin de la Seconde Guerre Mondiale à son passage vers l’Ouest, sans oublier son enfance et sa période révolutionnaire.
Ces confidences vont confronter Patricia à ses propres démons et seront bien plus difficiles à accepter qu’elle ne se l’était imaginé.
Dans ce roman, Maxime Gillio met au jour des évènements méconnus de l’Histoire. Si l’on apprend à l’école, l’expatriation forcée des Juifs par Hitler, on n’en apprend peu voire pas du tout sur le sort réservé aux Allemands expatriés à l’Est par choix ou non. Dès la fin du régime hitlérien, ces personnes, parfois nées sur place mais d’origine allemande, ont-elles aussi vécu l’enfer, l’exil, les camps, a maltraitance… Quand, à la lecture de ce livre, vous comprenez que les faits décrits ne sont qu’une infime partie de l’horreur vécue par cette population, vous ne pouvez pas ne pas être profondément choqué et bouleversé.
Au–delà de ces faits historiques, Maxime Gillio a réussi a donné du caractère à ces personnages. Patricia et Inge ont toutes les deux un fort caractère forgé par leurs différentes expériences. La dureté du texte nous force à nous attacher à ses femmes, qui malgré des histoires différentes, réussissent chacune à nous chambouler.
J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur à la fois dramatique, plein de sensibilité et passionnant. L’alternance entre moments présents et flashbacks m’a tout de suite plongé dans l’histoire. Les passages au présent sont aussi bienvenus pour alléger un peu l’atmosphère lourde du passé.
Non seulement ce roman m’a bouleversé et tenu en haleine mais il m’a aussi permis de découvrir un pan méconnu de l’histoire. Comme l’avait fait Les enfants de la Liberté de Marc Levy, ce roman m’a marqué. Je vous recommande vivement ce livre aussi poignant que prenant.